Interview de MatBoog pour Sous le Soleil de Mathieu

Juste parce que le clavier, c’est plus compliqué à transporter. Mais sur mon premier disque, quasiment 2 chansons sur 3 étaient écrites au clavie. Sur les autres albums, il y a une chanson ou 2 écrite au clavier mais pas parce que j’aime moins écrire au clavier mais parce que j’ai moins souvent un piano avec moi. Si ça pouvait être le cas, je pense que ça serait moitié/moitié.

Toutes les guitares que j’ai eu ça a toujours été des accidents. J’y connais pas grand chose donc en gros j’ai 3 guitares ce qui est pas beaucoup. J’ai ma guitare de voyage qui est celle que j’ai utilisé à Barcelone qui est une guitare Yamaha classique mais modèle adolescent (3/4), qui est faite pour les enfants parce qu’elle est petite. Elle a l’avantage d’être hyper-mobile, légère et elle coute 45€…et je l’adore. Au départ je l’ai acheté pour une raison pratique et pourtant sur le disque « Michel » il y a plein de morceaux avec cette guitare.

J’ai une autre guitare qui est une guitare folk que j’avais au lavoir moderne que j’ai trouvé par hasard dans une brocante, d’un magasin de musique qui était en liquidation. Elle m’a couté 100€. Je l’ai acheté parce que je la trouvais belle et finalement je l’ai utilisée pour plein de trucs.

Et puis pour la tournée de Michel je voulais absolument une guitare électrique et je m’y suis pris vraiment tard. Les répétitions commençaient le lundi et je l’ai achetée le samedi. Le magasin fermait à 18h00 et je suis arrivé à 16h30. J’ai passé 1 heure à stresser et j’ai pris celle là. Mais pendant l’heure et demie que j’ai passé dans le magasin, j’ai du en essayer 12, hésitant, je voyais l’heure qui passait et j’ai pris celle là... Mais là j’aimerais bien m’en acheter une belle. J’ai un vague projet d’aller passer du temps pour aller chiner les guitares.

Par contre, j’aime bien –d’ailleurs pour tout ce que je possède il y a un peu de ça- que chaque objet est une histoire : par exemple, la guitare Yamaha, c’est une guitare très bon marché pour enfants. C’est donc une guitare qui a son originalité parce que on peut penser qu’un professionnel comme moi n’achète pas une guitare à 60€ mais une guitare à plus et qu’il s’achète une guitare pour un adulte et pas pour un enfant. Ca suffit à me dire que je vais tirer profit de son originalité. La guitare bradée, c’est pareil : c’est une guitare que personne ne voulait, le mec il la vend, moi je la trouve belle, OK.

Par contre moi je ne pourrai pas faire un concert avec une guitare Takamine ( ? NDLR), toute neuve, toute froide…donc malgré ces apparences là je fais très attention de pas tomber dans un truc que tout le monde fait ou un truc trop évident. Voilà

Donc, je m’en fous pas du tout de ma guitare, mais c’est plutôt la valeur objet ou le coté improbable de la situation…

Des hasards total…si clins d’œil il y a c’est complètement inconscient.

Et pourtant dans la chanson « Comment tu t’appelles », il n’y a qu’un seul prénom et c’est Gaëlle…ça fait une sacrée coincidence

bein c’est pour ta femme…(rires)

ça fait très clin d’œil plus que hasard de n’avoir que ce prénom dans la chanson...

mais clin d’œil, à qui?

bein à Gaëlle justement !

j’entendais par clin d’œil le côté référence à quelque chose, non ?

Non, plutôt à un(e) ami(e)...?

A chaque fois que j’ai pris des prénoms dans mes chansons et il y en a pas mal, des prénoms masculins aussi, c’est jamais les vrais prénoms des gens à qui je m’adresse, quasiment

donc Dominique, c’est pas vraiment Dominique?

Non, non….(soupir….pause)

Parce que je suis pas un chanteur réaliste. La chanson « Dominique » qui fait référence à un pote qui s’est suicidé il y a 15 ans, en fait ça lui est adressée sans vraiment lui être adressée. C’est la sensation que j’ai senti et elle pourrait s’adresser à n’importe qui et là c’est pour un suicide mais ça pourrait être autre chose : je pourrais parler de quelqu’un qui part, qui abandonne quelque chose. J’ai des sensations par rapport à des situations et j’essaie de traduire en chansons ces sensations en donnant un décor pour exprimer ces sensations.

Par exemple, sur des histoires de rupture avec des nanas, j’ai eu plusieurs ruptures dans ma vie et quand je parle d’une rupture c’est pas forcément une mais j’ai senti une sensation équivalente dans plusieurs situations et du coup ça se traduit par une seule chanson qui tourne autour de ce sentiment précis.

Et les prénoms en général, il leur faut une musicalité qui colle aussi à la mélodie, à la rime, au rythme. Et puis par pudeur, ça me ferait bizarre de mettre les vrais noms.

Mais les personnes se reconnaissent dans tes chansons ?

Je sais pas…c’est pas évident. Je leur ai jamais vraiment posé la question. Oui et non parce qu’en fait…par exemple, il y a une nana dont je me suis séparé il y a 3-4 ans et elle a reçu mon disque « Michel » et elle m’a dit « je suis vachement contente que tu aies écrit la chanson « Je sais pas ou tu es parti » ». Mais en fait, c’était pas pour elle (je lui ai pas dit ). Puis après je l’ai relue, et si en fait c’était aussi pour elle. Comme quoi c’est inconscient. J’ai une sensation que j’essaie de matérialiser par une chanson sans vraiment savoir d’où elle vient et puis finalement cette chanson lui colle tout à fait.

donc j’ai l’impression que la musique, ça fait marcher avec les filles ?

je sais pas : c’est impossible de savoir ce qu’aime les filles auxquelles je plais : est-ce qu’elles aiment le fait que je fasse de la musique, la notoriété que ça peut amener, est-ce qu’elles aiment la musique que je fais, le fait que je sois bien dans mes pompes parce que je fais de la musique, ou alors elles aiment pas du tout ça elles aiment mon cul ? Je sais pas…

c’est marrant ton cul (sic ! )..car sur le forum, il y a des personnes de sexe féminin qui font souvent référence à ça, à la façon de le bouger sur scène…

ça j’en joue. J’ai du le faire comme ça une fois en déconnant et j’ai vu que ça réagissait et du coup dans un concert c’est pas systématique mais quasiment…d’ailleurs j’ai failli le faire chez Drucker…..et j’ai pas osé. En fait j’avais fait « Las Vegas » à la guitare et il y a un break assez long avant le 2ème refrain et donc je suis tout seul à la guitare à faire les accords…donc il y a un moment ou je suis tout près du micro et je me suis retourné mais j’ai pas osé…j’ai eu peur que ça fasse limite à la télé le dimanche après-midi…ça faisait surtout trop gag…et comme dans cette chanson il y a de l’humour mais c’est aussi une chanson mélancolique, je voulais pas que d’un seul coup ça gâche le truc et que ça fasse clown.

Lors de la réalisation d’un clip, comment ça se passe : tu laisses le réalisateur libre d’adapter ta chanson ou tu préfères être à l’origine, voir à la réalisation du projet ?

IL y a pas de généralités. En fait des clips, j’en ai fait 5 : Ondulé, Bien (2 versions), Comment tu t’appelles, la Bombe (qui est pas sur le site, j’expliquerais pourquoi) et Siliguri.

Donc au départ « Ondulé », c’est moi qui ai eu l’idée, qui l’ait écrit. Je l’ai pas réalisé parce que j’étais devant la caméra mais c’est moi qui l’ai pensé et écrit. « Comment tu t’appelles » c’est moi qui l’ai fait...

« Bien » le premier clip c’était moi et le deuxième c’était plus moi. Donc en fait, au départ, j’étais très très actif. J’ai un cahier plein d’idées, de scénario, de machins, bref, pour moi c’est très naturel de trouver une histoire, un décor.

Et là, le marché du disque étant ce qu’il est, ça fait plusieurs années que j’ai pas fait de clips parce qu’il y n'a plus de budget…Et puis là [pour « Michel », NDLR] j’ai rencontré un mec que j’aime bien qui faisait « le bidule » sur Canal+ que j’aimais bien. Et au bout de quelques années, un clip s’est fait parce qu’il avait un budget du CNC. Là comme il avait un budget, je pouvais pas trop ouvrir ma gueule donc c’est lui qui l’a fait mais j’étais vachement présent sur le scénario, on s’est vu 6 fois, des après midi entières…Je l’ai laissé avoir les idées mais j’ai filtré.

Pour moi c’est hyper important que tout ce que je propose aux gens, que ça soit une affiche, une pochette, un clip, une lumière en concert, un décor, un costume, ça soit complètement…il faut que je me sente bien dedans, que je l’assume, que je me sente chez moi, sinon je peux pas, sinon j’assume pas. Sauf que t’as toujours une marge d’erreur donc ce clip si c’est moi qui l’avait fait, il n'aurait pas été exactement comme ça.

L’expérience me fait dire que je ne serais jamais 100% satisfait de tout ce que je fais, il y a toujours une marge ou un truc que t’as l’impression d’avoir raté…

je trouve que là également, avec Michel, de même que dans la tonalité de l’album en comparaison aux précédents, il y a une rupture également par rapport aux clips précédents. C’est le clip le plus sexué de tous, le plus sombre aussi avec ses jambes en forme d’araignée géante…