Interview de MatBoog pour Sous le Soleil de Mathieu

la 2ème Cigale (j’en ai fait 2), j’en ai un souvenir énorme.

Mon souvenir de la 2ème Cigale était que tu avais pleuré sur scène !

je me suis éclaté du début à la fin, j’étais raaaah…trop content, chaque mot de chaque chanson, j’étais dedans. Pour moi un bon concert, c’est un concert où je prends du plaisir, et là il y a pas un moment où j’étais déconcentré…j’ai mis 2 semaines à m’en remettre…j’étais dans une espèce de plénitude. Et je sais que les gens autour de moi préféraient la première, pas tout le monde, mais ¾ des personnes qui ont vu les 2 ont préféré la première. C’est pas grave, c’est comme ça.

de façon étonnante, tu ne fais pas beaucoup de festivals ?

c’est pas un choix…c’est que les festivals m’ont pas programmé.

donc les têtes raides on va les voir 20 fois mais pas Mathieu Boogaerts ?

parce que le gens m’assimilent, surtout avec le disque, à un truc intime et que devant une scène de 2000 personnes ça passera pas. Je peux comprendre qu’ils pensent ça d’ailleurs. Après il y a aussi une question de coordination, c’est à dire que le disque, il a eu du retard….bref, il y a eu des trucs qui n’ont pas permis au disque d’arriver à temps chez les programmateurs où ils n’avaient plus de places de libres.

Un festival, c’est programmé vachement à l’avance et si t’es pas près à l’avance avec un truc, tu te loupes ou alors c’est l’année d’après et toi tu veux plus être en tournée…

Oui. En fait, quand j’écris des chansons, j’ai 3 phases. Là, je suis en fin de phase 2. C’est vraiment ça. Pour simplifier, la phase 1, c’est le moment où je….-pause- je suis toujours en train de jouer de la guitare, soit chez moi, ou en voyage ou dans le train. Puis tout d’un coup il se passe un truc, une suite d’accords que j’aime bien, un reef, quelques phrases dessus ou une mélodie, enfin un premier jet, un truc qui m’excite sachant que chaque chanson que j’ai écrite depuis que je fais des chansons est née d’un truc comme ça. Ca c’est la phase 1. Ca je le cherche pas, je suis pas en train de dire « il faut que j’écrive une chanson ». C’est juste « tiens, il y a ce truc là, je le note, j’ai un dictaphone ».

La phase 2, c’est que je sais que j’ai ce truc là et puis j’y reviens, je développe un peu mais c’est pas du travail. C’est pas « allez, faut que j’y aille », c’est plutot « ah oui j’avais ça » et je vais un peu plus loin… La phase 3 : c’est prendre où j’en suis et en faire une chanson…ce qu’il y a de plus dur en fait. T’as déjà le premier jet, donc t’as déjà la photo…après il faut la finir. T’as le croquis et il faut faire le tableau. Donc là j’ai à peu près 18 croquis que j’aime bien et qui font l’ossature du disque que je vais faire. J’ai déjà toutes les mélodies, je pourrais te les chanter comme ça sauf que j’ai pas de paroles et maintenant il faut que je développe tout ça et que je les finisse. Et ça pour le coup c’est tout un travail, toute une discipline. Sachant qu’une fois que j’entame ce processus, je commence à stresser, je culpabilise si je travaille pas pendant 2 jours…donc je suis pas pressé de mettre la machine en route parce qu’après je vais être non-stop jusqu’à la sortie de scène du dernier concert de la tournée.

Donc là je suis encore en semi-vacances-glandouille-oisif…c’est pour ça que j’ai répondu vite à l’interview. Alors que si ça avait été dans la période phase 3, je t’aurais dit non, j’aurais pas pris d’autre engagement.

Si vous avez vu le « Journal de Michel », c’est le début de la phase 3. Quand j’arrive à Barcelone, j’en suis au même stade ou j’en suis en ce moment.

(Sourire d’étonnement et de surprise, NDLR)…Putain...

JPEG a écrit:

j'explique ce passage qui n'est absolument pas "textuel" : j'ai eu l'impression qu'à ce moment là MB était 1/surpris qu'on lui rappelle ce passage ou 2/ que quelqu'un l'ait noté

Elle pourrait faire partie du nouvel album ?

Celle là, non.

Et la chanson « OK »?

Celle là, oui…elle fait partie des 18 en questions que je vais mener à terme. Mais après sur un disque je vais pas mettre 18 chansons…donc est-ce que c’est une des cases qui sautera…je sais pas si elle fera partie des 13-14 élues, mais elle fera partie du chantier. C’est une chanson que j’ai fait en anglais, donc à priori c’est la première chanson que j’aurais fait en anglais

Donc pas en Yaourt comme « Billie Jean » ?

Par contre il y en a une en Yaourt dans le lot, mais c’est pas celle là (rires)

Pour moi, il y a pas un truc qui diffère, il y a pas d’échelles de valeurs entre un mot, l’accord…c’est un tout. J’estime que lire mes chansons sans avoir la musique, ça marche pas. Ca peut marcher éventuellement mais pour moi c’est pas censé marché. C’est pas des paroles mises en musique.

Non, j’ai fait ça qu’une seule fois c’était pour « Bon Voyage »…Je commence pas par la musique puis le texte ensuite. Lors du premier jet dans la phase 1, il y a toujours des mots sur des bouts de mélodies…je sais pas ce que je raconte. Je me dis pas « je vais parler de ça » et je cherche une phrase pour dire ça. C’est une phrase qui arrive comme ça qui se lie à une musique et qui me happe, me fait rebondir et me fait raconter telle ou telle histoire, en ayant comme modèle ce premier jet.

Avant de commencer un disque, il faut d’abord que j’ai une chanson. Je commence pas à faire une batterie et après je fais une chanson. Ca peut faire des trucs bien, mais c’est autre chose. Donc moi mon outil, c’est mon dictaphone, qui a l’avantage d’être petit, léger, bon marché et il est toujours près de ma guitare. Si jamais je l’ai plus ou qu’il n’a plus de piles, je me laisse un message chez moi. Je m’appelle d’une cabine téléphonique et je me laisse un message.

Donc la création d’une chanson, c’est Guitare+Parole, pas Clavier+Parole