J'ai relu le résumé que j'avais fait après mon premier concert de Boogaerts, en septembre dernier, et, ce n'est pas que je suis flemmard, mais je le trouve assez complet et il se trouve en bas de cette page à Yverdon-les-Bains. Je ne vais pas tout redire mais un peu quand même.
Il y a eu une chose qui m'a un peu dérangé au cours de cette soirée, et c'est ma disposition psychologique. Je vous explique: la question était: Vais-je rester jusqu'à la fin, sachant que cela me ferait rater le dernier train pour chez moi? Mine de rien, il y avait là un dilemme dont je ne vous raconterai la résolution que plus tard. Reste que ça me travaillait au cours du concert. Mais commençons par le commencement (puisqu'il le faut...)(vous allez comprendre cette parenthèse désabusée dans quelques lignes).
J'arrive à l'heure, c'est-à-dire en avance, et il y a foule et file sur le trottoir devant le Casino-Théâtre. Heureusement c'est trompeur: la salle n'est pas complète, et j'y trouve un siège convenable et sans voisins vrille-nerfs.
Sur le coup de huit heures et demie s'avance la première partie. Le bonhomme s'appelle Tomas Grand, il va chanter avec son groupe. Et là, soudain, c'est le drame: il chante avec son groupe.
Je suis plutôt mesuré comme garçon, et j'aime à modérer mes jugements pour ne pas heurter la sensibilité exacerbée de ces artistes que j'aime tant. Ben là, c'était vraiment de la daube. On se dit que des fois, il vaudrait mieux que certains fassent plutôt de la chanson sans texte, parce que Monsieur Grand sort vainqueur de l'année de l'enfilage de banalités sur un fil de clichés. Entre une évocation des jours de bise sur les bords du Léman brillant par son manque d'intérêt et une poésie du quotidien qui donne envie d'assassiner celui qui un jour osa inventer le concept de la chanson-poésie-du-quotidien, avec là-dessus la chanson-drôle-censée-mettre-le-public-dans-sa-poche, on a eu droit à tout. Et le pauvre bonhomme qui plaisantait à tout va sur son album en vente à la sortie et la chanson suivante qui paraît-il fait à chaque fois se lever les filles de l'assistance en arrachant leurs ticheurtes, le pauvre qui s'enfonçait tant et plus, et le pire c'est qu'on n'avait même pas tant de compassion à lui offrir vu qu'on n'écoutait plus vraiment parce qu'on méditait sur la vanité des choses de ce monde ou les vacances de l'été prochain en consultant nos montres d'un oeil avide. Et le hic, c'est qu'une première partie, normalement, c'est assez court, mais là, il nous faisait le vernissage de son disque, alors le disque a été verni abondamment, mais nous, nous n'étions pas vraiment vernis. La première chanson s'appelait "Ça commence mal".
En effet.
Ce qui m'embêtait aussi, c'est qu'avec ce récital d'une bonne heure et l'entracte ample qui s'est ensuivi pour laisser à ceux qui le souhaitaient l'opportunité d'aller se pendre dans les toilettes, on prenait vachement de retard sur l'horaire, et je voyais un Mathieu virtuel me faire bye bye d'un sourire ironique. Alors? Rester? Partir?
Le concert a commencé, et c'était encore une fois génial comme du pur bo-bo, du pur boo-boo, du pur boonheur. En plus, il a failli ne pas arriver à Genève, ayant été retenu durant près de quatre heures à la douane.
Courez voir Mathieu Boogaerts (mais si vous me lisez, c'est que vous l'avez sans doute déjà fait). Pour ma part je crois que c'est vraiment le meilleur artiste de scène que j'aie vu: la classe, l'humour, le groove, c'est une petite merveille. Il nous a refait le coup de chanter "Quelque chose" dans le noir, et c'est superbe. Rhââââ ça fait du bien.
A un moment donné, j'ai dit oh et puis flûte, si je pars maintenant je vais être pourri de regrets durant tout le voyage de retour, alors qu'en plus demain c'est mon jour de congé. J'ai alors lâché prise pour m'abandonner à l'instant, et advienne que pourra.
Je vous passe les détails, mais je suis rentré mi-en train mi-en stop, et à deux heures du matin un mardi soir, je vous laisse imaginer le tableau et la température.
Mais ça en valait largement la peine et mes petits yeux d'aujourd'hui.
Petits mais ravis.